Michel Goupil Communication




Le Goupil

bulletin officiel et irremplaçable de Michel Goupil Communication


                                        N°30 - juin 2002                                                                 



Editorial

Juin 2002. Sommet de la FAO à Rome. Devant une assemblée compréhensive et rigolarde, Berlusconi fait écourter la réunion finale, vu qu'il a autre chose à foutre, en l'occurrence suivre à la télé la rencontre footballistique Mexique-Italie. Rien de concret n'est sorti de ce sommet. Les pays riches vont continuer à s'enrichir et les 815 millions d'êtres humains qui crèvent de faim et à qui on devait venir en aide vont continuer à crever de faim. Tant qu'on votera pour des saloperies, comment voulez-vous que ça s'arrange ?

Bon, allez, on avait dit : "pas de politique". Alors pas de politique.

Mais c'est dur de s'empêcher de penser.


Michel Goupil




Communiqué de la Confédération paysanne

Bagnolet, le 17 juin 2002,

José Bové en prison dès le lendemain des législatives:
une provocation contre le droit syndical

Au lendemain des élections législatives, la première décision politique du gouvernement est une provocation révoltante: José Bové devra se rendre mercredi matin à la prison de Villeneuve-les-Maguelone (Montpellier) afin d'y purger plusieurs semaines de prison.

En frappant d'entrée une figure symbolique du mouvement social, avant même la réunion de la nouvelle chambre des députés, le gouvernement signifie son ambition d'attenter aux libertés syndicales et de stopper la contestation de l'ordre marchand. Trois faits aggravent davantage la portée de cette décision:

 -    3 ans après l'action “incriminée” (le démontage du chantier du Mac Do de Millau), le conflit qui la motivait entre l'Union européenne et les Etats-Unis sur l'importation en Europe de viande de bœuf hormonée n'est toujours pas réglé. Plusieurs produits européens sont toujours surtaxés pour l'exportation aux USA, dont le roquefort, et un recours face à l'OMC n'est toujours pas possible pour les paysans concernés.

 -    Les importateurs et fabricants de farines animales, responsables de la contamination des troupeaux bovins par l'ESB, n'ont jamais été poursuivis, malgré une plainte déposée par la Confédération paysanne dès 1996.

 -    Des adhérents de la FNSEA ont, le 15 octobre 2001, saccagé une entreprise et des entrepôts frigorifiques à Fougères (35), occasionnant plus de 10 millions de francs de dégâts. Et voilà que le gouvernement vient de décider que c'est l'Etat qui paiera la facture, personne n'étant poursuivi dans cette affaire.

De la part de cet Etat, dont certains des plus hauts représentants sont notoirement corrompus, non seulement il n'y a pas d' “impunité zéro”, mais il y a surtout une justice ouvertement conduite à 2 vitesses.

La Confédération paysanne appelle tous les citoyennes et citoyens, conscients des menaces signifiées à l'encontre du droit syndical et des libertés publiques, à faire face à l'insécurité que veulent faire régner les nouveaux gouvernants et à se mobiliser pour réclamer la libération de José Bové.

Additif du Goupil :

 Pour écrire à José Bové en détention :
M. Joseph Bové, dit "José"
Maison d'arrêt
Avenue du Moulin de la Jasse
34750 Villeneuve-les-Maguelone







Avec l'autorisation de mon ami Jean-Marc, je vous livre avec délectation le superbe article qu'il a publié dans "Stratégies" du 14 juin dernier.

"Les Français vont comprendre"

Dimanche 9 mai 20H30. Les poids lourds de la nouvelle opposition se relaient sur les plateaux télé. Personnalités différentes mais discours unique : "Je pense que les Français vont réaliser (Jack Lang)… Il faut bien comprendre que l'enjeu (D. Strauss Kahn)… Il faut que les Français comprennent (Martine Aubry)…". Chez les ténors de la nouvelle majorité, le propos est, à un mot près, le même. Mais le ton est plus péremptoire : "Les Français ont compris" (N. Sarkozy)

Comprendre ! Le mot revient pratiquement dans chaque phrase. Y compris dans l'autocritique : "Nous ne nous sommes pas fait comprendre…"

Au fil des heures, comprendre devient le mot-bouée auquel tous se raccrochent. Le raisonnement n'est pas formulé mais on le devine aux bords des lèvres : "On ne comprend pas pourquoi vous (les Français) n'avez pas compris ce qu'on a fait pour vous. Faites un effort. Essayez de comprendre et arrêtez de nous sanctionner au 2ème tour…"

Candeur ? Non ! Plutôt croyance inébranlable dans l'effet magique du discours : "s'ils ne nous aiment plus, c'est qu'ils ne nous ont pas compris. Réexpliquons et ils reviendront…"

Jamais dans la soirée, aucun d'entre eux ne parlera d'image.

Et cependant elle explique tellement de choses, cette fois, l'image. Chirac super-menteur ? "Peut-être mais super sympa, aussi, non ? Et puis les autres aussi mentent, ils sont bien tous pareil, allez…" Arlette ? "Elle est courageuse et elle a un bon Sourire…" Le Pen ? "il s'est modéré… c'est plus le même"? Le reste, le discours ?… "Rien que des promesses, ils en font tous…"

Circulez, y'a rien à croire !

Même Jospin est en train de se refaire une image. Sans discours. Justement parce qu'il ne parle pas !

Foi inébranlable dans l'effet du discours, donc, mais également croyance naïve dans l'effet de répétition, bref dans la vertu de la propagande : "à force de leur répéter on finira bien par les convaincre"… Une croyance que les politiques ne sont pas les seuls à partager. Nous avons tous un jour entendu ça : "je veux que mes clients ne pensent qu'à nous, il faut leur marteler ça… jusqu'à ce que ça s'imprime dans leur tête…"

Le problème c'est que les consommateurs, comme les électeurs, ne se laissent pas marteler le cortex. Les communicants peuvent compter sur les consommateurs pour le leur rappeler. Les politiques, eux,  l'oublient d'une élection sur l'autre. En politique comme en marketing il y a un phénomène d'usure. L'usure du pouvoir c'est comme l'usure d'un produit : un rabotage d'image. Et les discours n'y changent rien.

Jean-Marc Cornille, Directeur Général de Pertinence Communication (01 47 78 11 09)
PS : Cet article a été écrit le lendemain du 1ertour. Au soir du 2ème tour, les mêmes ont exprimé leur intention "d'analyser, pour comprendre les causes de cet échec" (L. Fabius, F. Hollande). Peut-être comprendront-ils le poids de ce curieux et fragile phénomène que l'on appelle "l'image" dans ce, tout aussi curieux et fragile phénomène que l'on appelle l'opinion publique... Mais bon c'est pas gagné... enfin, si j'ose dire.







Notre Carte

Les entrées

Suprême de rognure à la Vatfaire
Œil cru aux trois orties blanches

Petites asperges bricoleuses en papillotes

Feuilleté surprise façon Général De Gaulle

Rouflaquettes grand sport

Lunule persillée du pont d'Arcole

Crapaud mayonnaise


Les viandes et volailles

Grande gigue de dinde farcie

Cartilages croquants cueillis au nid

Fleur de micro-ondes boudinée dans une feuille peu reconnaissable

Veau mou en branche

Prune d'alouette gorgée d'implants

Gras double sarladaise et sa giclée de morpions

Poupée Barbie Grand Veneur



Les produits de la mer

Marinade virtuelle sans mobile apparent

Langouste bourgeoise et son petit freluquet

Bouillabaisse Gambetta

Morue de Bagnolet à la sauce Dugléré vomie du jour

Bouquet de grognasses aux oursins creusois

Court-jus sauvage tranché sous anesthésie locale


Les fromages

Crottin de belle-mère sous perfusion

Tortillon au lait de brebis dépasteurisé

Tome de jument

Vache qui pisse


Les douceurs

Flambée de caramel sertie de fines rumeurs

Fraises glauques dépourvues de repères

Concoctée de pruneaux amers

Délices de Lucullus aux glands d'Espagne


Bon appétit !…






Transmises par un collaborateur de Renault Assistance (qui tient à garder l'anonymat !)

Les perles de Renault Assistance

Je suis en panne, rue Salvador Alien 2.

Ma voiture a perdu les eaux.

Ma garantie est terminée depuis presque un an, je voudrais savoir si elle est toujours valable…

Ma voiture est née en 1995.

J'ai ma Laguna qui cause et elle me cause qu'il y a une anormalité

J'ai la garantie, j'ai ma carte sur moi et pourtant je suis en panne, je ne comprends pas.

Je vous appelle d'une cabine. J'ai ma voiture qui est restée à l'extérieur.

(Standard) : - Avez-vous la plaque d'immatriculation ?
(Cliente) : - Ah non ! Non ! Elle est toujours sur la voiture, je n'avais rien pour la dévisser.

(Une cliente) : - J'ai roulé toute la matinée et j'ai dû prendre une pierre et j'ai une très légère fuite au réservoir d'essence. Mais je suis très pressée et je ne veux pas qu'on me remorque au garage. Tout ce que je voudrais, c'est que vous m'envoyiez un monsieur pour me boucher le petit trou !

Pourriez-vous m'envoyer un dépanneur pour qu'il voit si c'est la peine qu'il vienne ?

(Standard) : - Est-ce que le véhicule roule ?
(Client) : - Je ne sais pas, je n'arrive pas à démarrer.

La voiture est tombée dans les pommes.

Vous pouvez m'envoyer un dépanneur pour enlever le chêne qui est tombé sur ma voiture ?

(Standard) : - Vous êtes à la GMF ?
(Client) : - Non ! Je suis à la Porte d'Orléans.

(Standard) : - Vous avez une garantie sur cette voiture ?
(Client) : - Oh sûrement! Je l'ai achetée neuve !
-    Quand ?
Il y a 9 ans.

 (Standard) : - Puis-je avoir votre immatriculation, s'il vous plait ?
-     31
-     Et la suite ?
Ah? Vous voulez tous les chiffres?

(Standard) : - Vous avez quel modèle de voiture, s'il vous plaît ?
(Client un peu énervé) : - Une merde !
(Standard, prudent) : - Euh... S'agirait-il d'une Renault ?
- Qu'est-ce que je viens de vous dire ?




De mes propres oreilles
(entendu un jour, quelque part...)



*
Grand prix de Monaco le 26 mai. Extraits du commentaire télé :
C'est peut-être une erreur de fromage… euh, de freinage. (…)
Va-t-il réussir ? On va croiser les bras… euh, les doigts.
*
Au cours d'une émission sur le lifting Jean Bertolino est interrogé :
Vous allez vous faire lifter?
Certainement pas. Je ne suis pas de ces gens de télévision dont les cheveux repoussent à mesure que les années passent.
*
Extrait d'un commentaire de Thierry Roland et Jean-Michel Larqué (rapporté par un journaliste de France Inter), alors que la Turquie est en train de marquer :
Ca doit être la joie à Istanbul.
Et aussi à Constantinople.
Vous avez raison, Thierry.
*
Les années passent, les soucis restent.
*
Serena Williams s'adressant au public après sa victoire à Roland Garros :
Prochaine année, je voudrais faire encore.
*
-    Si on paye pas ce qu'on me doit, c'est les prud'hommes.
*
L'argent fait pas le bonheur, mais il fait pas le malheur non plus.
*
"Questions pour un champion" début mai. Un candidat très brillant :
-   Je voudrais remercier le club de Perpignan auquel je fais partie pour leur accueil qu'ils m'ont fait.
*
"Questions pour un champion" mi-mai. Une candidate tétanisée :
Quel médecin a traversé l'Atlantique en solitaire en 1952 ?
Marc Pageot !
Et, quelques secondes après :
Quel anthropologue a écrit "Tristes Tropiques" ?
Strauss-Kahn !
***



Léger poème

PAUMÉ COMME UN RIVAGE

Paumé comme un rivage
Au bout de l'océan
Un maigre cocotier
Secoue sa palme austère
Et tombent les émerveillements
Au fond des vagues infernales
Gravite la gravitation
Un pas sur le sable
Est effacé par une langue insaisissable
Dessous, le purgatoire
Ouvre en grand ses bras
La voile qui s'estompe à l'horizon
Part sans regrets
Emportant l'Espérance
Emportant les "Enfin"
Les "Toujours"
La suite de mots sans suite
Sans fin

Paumé comme un rivage
Un oiseau en forme d'apostrophe
Virevolte avant de finir là-bas
Vers l'X d'un papillon
Qui se prélasse
Sur une parenthèse d'herbe folle
Les vaguelettes
Font la course
Aux lambeaux d'écume
L'horizon se complaît
Dans l'insondable immobilité
Que lui confère la mélopée
D'un vent timide à se lever

Paumé comme un rivage
Sans bornes
Sans limites
Plus tout-à-fait terre
Et pas encore mer
Plus tout-à-fait vrai
Et pas encore rêve.