Le Goupil
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de
![]() Michel Goupil Communication
Le Goupil
bulletin officiel et irremplaçable de Michel Goupil Communication
N°29 - mai 2002
Editorial
C'est un peu soûlant, cette façon qu'a le monde de tourner aussi vite. Tiens, entre les deux tours de la présidentielle, je vous avais concocté un Goupil de derrière les fagots, incluant une série de réflexions vicieuses sur le premier tour et ses prolongements, la transcription d'une excellente chronique radiodiffusée concernant la guerre au Proche-Orient, mon échange de courriers avec Jean-Marie Le Pen, et plein d'autres trucs forcément super-géniaux. Mais voilà, le temps a balayé en un rien de temps (c'est une expression que je viens d'inventer et que je trouve très jolie) toute cette actualité qui appartient désormais à une époque révolue. Alors j'ai décidé de le prendre à rebrousse-poil, ce temps, en vous livrant un texte inédit d'Hervé Bazin, ainsi que le passionnant résumé d'un "Libération" de l'année dernière. Message perso : merci à Véronique et Patrick. Et bravo à Yaffa Yarkoni, la chanteuse israélienne à qui est dédié ce numéro du Goupil. Shalom à tous. On en a bien besoin.
Michel Goupil
Une journée très ordinaire
![]() J'ai chez moi une pile de Libé sur une chaise. Vous savez, ce genre de pile dont vous vous dites "il faudra que je trie ça un de ces jours" (enfin, moi, c'est ce que je me dis).
Un journal dépassait de la pile. Je l'ai feuilleté.
La première de couv' était consacrée aux nouveaux couloirs de bus à Paris, et ce sujet de fond occupait les pages 2, 3 et 4.
Les tribunes libres concernaient la retraite par répartition la bagarre entre freudiens et lacaniens, et le marketing télévisuel.
Massoud était présumé mort, Loukachenko redevenait président de Biélorussie aux termes d'une élection contestée, le ministre de la défense allemand était soupçonné de voyager aux frais de l'Etat, Milosevic était effacé des manuels scolaires yougoslaves, l'armée japonaise retrouvait une image positive.
Dans les pages politiques, on trouvait par exemple, les titres suivants : "Verts : on ne change pas un candidat qui gaffe"(avec le sous-titre "Hier, le collège exécutif s'est déclaré solidaire de Lipietz"), "Chirac s'en va à la pêche aux voix en Bretagne", "Lionel, ce héros".
Dans les pages société : "Un juge convoque Talamoni", "Lang, VRP des langues régionales à Corte", "Complément d'enquête sur Balladur", "Vache folle : quatrième cas dans la Creuse".
Les pages science comportaient un long dossier sur les moustiques, "Serial piqueurs".
Les bourses européennes tombaient : "Boum ba da bourses". Un château de Saint-Emilion était condamné pour avoir exploité des saisonniers portugais.
On notait aussi ces titres : "National Geographic sur le satellite", "Enfin de la fesse à Koh Lanta !", "Hewitt évince Sampras", "Myung-Whun Chung lâche Bob Wilson", "Joe Starr roule des mécaniques".
C'était la première diffusion télé du 4e épisode de "La Guerre des Etoiles", intitulé "La menace fantôme". On passait aussi "New York District" sur 13e Rue, "New York Café" sur TMC, "American Graffiti" sur Ciné Cinémas 1 et "Broadway qui danse" sur Cinétoile.
Bref, une journée d'actualité très ordinaire, ce 11 septembre 2001.
Drôles de chats
J'avais toujours dit : "je n'aime pas les chats, je préfère les chiens". Mais depuis que Kashkash, Tykloon, Tibili, Grisouille et Timbank sont venus partager ma vie, je me pose des questions.
Kashkash est une chatte tigrée. Elle est la fille de Shakisrool, une chatte errante à qui j'ai eu le malheur de donner un jour à manger et qui m'a gratifié, en deux portées, de douze petits (tous casés avec bien du mal) - avant que je ne la fasse opérer. Je l'ai appelée Kashkash parce qu'elle se cachait dans les endroits les plus invraisemblables. C'est la timidité personnifiée. Elle ne se laisse approcher par aucun être humain, et même les félins trouvent peu de grâce à ses yeux. J'ai, seul, le privilège de pouvoir la caresser et lui gratouiller le ventre. Elle a l'habitude de monter sur mon bureau, de se coucher sur les papiers et de me lécher les mains.
![]() Kashkash et ses poses
Tykloon est le frère de Kashkash. Noir et blanc, c'est un rigolo qui fait le "p'tit clown". D'où le nom. La nuit, quand il fait un peu froid, il vient me réchauffer en se couchant sur moi. Il a également pris l'habitude d'allumer un radiateur en montant dessus et en actionnant le bouton avec sa patte. Le plat favori de Tykloon est le cœur de bœuf. Sa déception est cruelle quand j'ouvre le réfrigérateur et que je le referme en lui disant "j'ai pas de viande, mon pauvre Tykloon". Il croit que le cœur de bœuf est une plante sauvage qui pousse dans les réfrigérateurs.
![]() Là, Tikloon est sur la porte
Tibili s'appelait Billy, mais à force de l'appeler "P'tit Billy", je l'ai rebaptisé. Il passe sa vie dehors, ne rentrant à la maison que pour manger et boire. La nuit, il dort dans le poulailler de mon voisin, dont il apprécie la paille confortable. Quand il a soif, je le vois arriver et il saute sur le lavabo afin que j'ouvre le robinet pour le faire boire. Tibili est le plus intelligent de la bande. Une fois, il est resté dix jours enfermé dans un piège et s'en est sorti grâce à sa débrouillardise et à sa forte voix.
![]() Tibili, de passage :-)
Grisouille le persan est en pension à la maison depuis quelques mois. Chat d'appartement parisien, il ne va pas se promener dans le jardin comme les autres, car j'ai peur qu'il s'égare. Je le laisse parfois sortir, sous ma surveillance. Il mange de l'herbe, qui fait son régal… et qu'il s'empresse de vomir une fois rentré. Comme il sait que j'ai l'habitude d'ouvrir la porte à Tykloon lorsqu'il veut sortir dans le jardin, Grisouille se plante devant cette porte et imite la voix de Tykloon pour que je le laisse sortir.
![]() ![]() ![]() Oui, je me suis laissée emporter (Laura, webmistress) :-)
Timbank (pour "saltimbanque") est le plus jeune, recueilli dans la rue l'année dernière, alors qu'il était âgé d'environ trois mois. Timbank se charge aussi de me réchauffer, la nuit, en s'allongeant le long de Tykloon. Ce qui l'amuse le plus est de cacher mes instruments d'écriture. Tout stylo ou crayon posé sur mon bureau risque de se voir rapidement subtilisé pour atterrir derrière un radiateur, sous le tapis, voire dans un autre endroit insolite et incongru.
![]() Timbank, (et Grisouille derrière - surtout ne pas céder sa place auprès de l'ordinateur et du mulot)
Le scoop du mois
UN INÉDIT D'HERVÉ BAZIN
J'ai commis, il y a pas mal d'années, un bouquin constitué de canulars dont un certain nombre avaient pour victimes des personnalités connues.
Voici ci-dessous la lettre que j'ai adressée à Hervé Bazin (les fautes et imperfections diverses sont intentionnelles !), et voilà ci-contre sa réponse.
Cher Maître,
Tout le monde me dit depuis longtemps "ta vie on pourrait en faire un roman". Et en effet elle a été particulièrement intéressante et fertile en rebondissements.
J'ai donc envie aujourd'hui d'en faire un roman.
Mais le problème c'est surtout celui du style.
J'ai pensé qu'un grand écrivain comme vous, Cher Maître, pouvait sûrement m'aider à écrire mon livre.
Je suis parfaitement d'accord pour que votre nom soit mentionné sous le mien sur le livre ("ce livre a été écrit avec la collaboration de Monsieur Hervé Bazin", par exemple) et il est bien entendu que vous bénéficieriez d'une bonne rénumération pour ce travail, nous débattrons de ce sujet lorsque nous nous rencontrerons.
J'attends déjà votre accord de principe, Cher Maître, et je puis vous rencontrer dès que vous le souhaiterez pour que vous constatiez de quoi il retourne.
Je vous prie de croire, Cher Maître, à l'assurance de mes sentiments sincères et très respectueux.
De mes propres oreilles
(entendu un jour, quelque part...)
![]() *
- J'ai une sœur, elle est tellement croyante qu'elle mériterait d'être portugaise. La nuit, quand elle peut pas dormir, elle se fait son petit café, elle fait ses petites prières… C'est presque une Miroska. D'ailleurs mon mari l'appelle Miroska.
*
- Y bosserait autant qu'y sort de conneries, il alignerait du boulot.
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- Au baby, je suis mauvais. Au foot, c'est encore pire.
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- J'ai commencé à apprécier les tournois quand j'ai appris qu'y avait des buvettes.
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- Y'a Maurice qui lève la main.
- S'y lève la main, c'est pour avoir une côte.
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- Tu connais Maurane ?
- Oui, je le connais. C'est mon frère.
- Je te parle de la chanteuse.
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- Y vaudrait mieux qu'y pleuve pas.
*
- Y'a des chances que tu me voyes pas demain.
*
A la suite d'une série de meurtres odieux, l'ancien ministre de l'intérieur, Daniel Vaillant, a expliqué qu'il entendait "faire la chasse aux armes de guerre".
On pouvait légitimement se poser la question : entend-il, dans la foulée, faire la guerre aux armes de chasse ?
*
- Putain, les affaires reprennent !
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- Ça t'arrive de dire "s'il vous plaît" ?
- Déjà je dis merci, c'est bien.
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- Les banquiers, comme on dit, ils te prêtent un parapluie quand il fait beau et ils te le reprennent quand il pleut.
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Jacques Vendroux, responsable du service des sports de France Inter, devrait se faire expliquer Internet. Lorsqu'il annonce l'émission Inter Football, il dit qu'on peut la retrouver sur le site Internet www.franceinter.com, qu'il prononce "trois… doublevé point… France inter point com".
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- Ils te disent ça pour que tu leur payes un coup, pis après, allez hop !
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- J'invente des mots tout le temps. Ma femme, elle le sait, elle comprend ce que je veux dire, mais pour les autres c'est étonnant. L'autre jour, je m'engueule avec une bonne femme au téléphone. Je lui dis : "Vous me ursulez, madame !". Ma femme, elle me fait : "Qu'est-ce que t'inventes là ?". Je lui dis : "Mais ça existe !". On a regardé sur le dictionnaire : ça existait pas.
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- Il était en colère. Il a donné un coup de savate dans le mur. Il s'est déboîté le pied.
*
Entendu ce témoignage en mai au cours d'un reportage télévisé dans le Sancerrois :
- Faut pas que l'fromage y soit trop avancé non plus. Parce que le fromage qui pique un petit peu, ça déshabille eul'vin.
*
Dans un restaurant chinois du treizième, un monsieur et une dame sont assis à la table voisine. Je picore des réflexions de la dame :
- J'ai pris salade de sèche parce que ça m'a interpellé.
- Ton cassoulet, c'était des produits frais, quand même ?
- Hmm, c'est fort. Mais j'ai l'impression que c'est épicé.
- La sauce saté, c'est alcoolisé ?
- Je savais pas que ça ressemblait à ça.
- Ça se mange avec les doigts ?
- Tu crois que c'est meilleur ailleurs ?
- Il s'est pas passé grand chose. Sauf que j'ai pris une décision, c'est tout. Ce qui m'angoisse toujours. Et j'aime pas faire de la peine.
*
De Woody Allen à Cannes, le 14 mai 2002 :
- Les gens français sont très supportifs de mes films et très affectionnés avec moi.
*
"Le juge est une femme" est une série télévisée pas trop mal filmée mais dialoguée n'importe comment. Perles relevées dans un épisode de mai :
"La gente féminine…"
"Vous n'êtes pas sans ignorer…"
*
- On est tous des futurs retraités.
*
- Je suis content parce qu'y z-ont du boulot. C'est bien pour eux qu'y z-on-ye du boulot.
*
- Tu finiras bourré. C'est pas que je te le souhaite, mais c'est inévitable.
*
La Marseillaise ayant été sifflée au Stade de France, un footballeur (dont je me suis empressé d'oublier le nom) fait à la radio le commentaire suivant :
- Elle a un message un peu agressif, cette hymne, mais disons qu'elle est représentatif des valeurs de la France.
***
CHANSON
L'HOMME ET L'OISEAU
Salut l'oiseau, D'où reviens-tu ?
Raconte-moi donc ton voyage,
Raconte-moi les paysages,
Dis-moi les terres inconnues.
Paris, tu vois, n'a pas changé.
Ils ont juste repeint en vert
Le banc où, depuis des années,
On se rencontre après l'hiver.
Je t'en prie, ne m'en veux pas trop
Si tu as un peu moins de miettes,
Car les boulangers, ces salauds,
Viennent d'augmenter la baguette.
Salut l'oiseau,
Comment vas-tu ?
Ne te sens-tu pas nostalgique
D'avoir déserté l'Atlantique
Pour te retrouver dans ma rue ?
J'ai pensé à toi bien des fois :
Quand la pluie tombait sur la ville,
Je me disais que tout là-bas,
Tu buvais le soleil des îles.
Et, drapé dans ma nostalgie,
Je me laissais pousser des ailes
Pour m'envoler très loin d'ici,
Comme ton frère dans le ciel.
Salut l'oiseau…
Mais que fais-tu ?
Je n'ai pas fini mon histoire.
J'étais si heureux de te voir.
Pourquoi soudain me quittes-tu ?…
Oh ne t'en fais pas, je comprends :
Elle doit être bien jolie,
Dans les grands arbres sous le vent,
Celle qui partage ton nid.
Et tant pis si à tout jamais
Tu oublies ce clochard idiot
Qui sur un banc s'imaginait
Etre le copain d'un oiseau.
Adieu l'oiseau. Adieu, salut…
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