Le Goupil
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de
![]() Michel Goupil Communication
[pas d'animations ce mois-ci - Laura, webmistress]
N°33 - septembre 2002
Editorial
En ce mois de rentrée… euh non… en ce mois qui annonce l'automne comme aucun autre ne saurait le faire… bôf, pas terrible… en ce mois qui voit souvent la chaleur de la rue contraster avec la fraîcheur des soirées… pas mal, encore un effort… en ce mois qui trouve malin de commencer par un S, comme surprise, sapajou et Sean-Paul II… enfin bref, en ce mois de septembre, j'ai le plaisir de vous annoncer l'apparition, sur le site d'une galerie de photos illustrant la façon dont votre humble serviteur titille le déclic. Suivez le guide…
Michel Goupil
Aphorismes et périls
- Il ne sert à rien de se ranger des voitures si on est mal garé.
- On n'est jamais mieux servi que par soi-même, certes, mais on n'est pas trop mal desservi par le métro non plus.
- Les scrupules qui nous empêchent d'accomplir de vilaines actions ne sont jamais que des remords anticipés.
- Défier quelqu'un d'aller plus loin, c'est le mettre au pied du mur. Et le mettre au pied du mur, c'est l'empêcher d'aller plus loin.
- Un autocar transporte souvent plus de passagers que de joie. Bien qu'il s'agisse de transport en commun.
- Il est ridicule de se déguiser en abeille pour emprunter de l'argent, sous le simple prétexte qu'on ne prête qu'aux ruches.
- Dreux et Dreux ne font pas plus Troyes que Castres et Castres ne font Sète. Ou alors ça se saurait.
- Prendre un risque pour éviter un autre risque, on a beau dire, mais c'est risqué.
- Tout ce qui brille n'est pas d'or, mais tout ce qui dort n'est pas très brillant.
- L'intelligence artificielle est à l'intelligence naturelle ce que l'anus artificiel est à la constipation.
- On dit qu'un crocodile et un alligator, c'est caïman la même chose. Mais on n'en saurien du tout.
- L'imperméable n'empêche pas plus la pluie que le paravent n'empêche le vent ou le parachute n'empêche la chute. Quant au parallélépipède, n'en parlons pas.
- Subir les aléas de la vie, c'est comme laisser la télécommande à quelqu'un qui zappe toujours sur la chaîne la moins intéressante.
-Quand vous dites à un daltonien d'aller se mettre au vert, il voit rouge.
Pauvres bêtes !
Chaque année, les cabinets vétérinaires affichent une liste de suggestions pour les noms de bébés chiens et chats. Voici un extrait de ce qui était affiché dans les salles d'attente en 2000, l'année des R.
Femelles :
Radiola, Ramatuelle, Régalade, Rénalde, Rexonna, Renommée, Rétine, Rhinite, Ricorée, Rimel, Rimriche, Ripaille, Riquita, Ritournelle, Rotule, Rougeole, Routine, Rowenta, Rubéole, Rustine, Rustica, Rutabaga.
Mâles :
Radium, Remède, Ringard, Rétinol, Raplapla, Rébellion, Ramollo, Remake, Révérend, Revlon, Ribinski, Richelieu, Ridicule, Rikar, Ripolin, Ripou, Rivoir, Risotto, Rital, Roicco, Roissy, Ronaldo, Rossignol, Roswell, Rubens.
EXTRAITS
… d'une narration rédigée par de jeunes enfants, à qui l'instituteur avait donné pour thème : "écrivez à Dieu".
![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() POUR UNE NOUVELLE, C'EST UNE NOUVELLE !
LA VOIX
Joseph vissa rageusement sa casquette sur son crâne dégarni et sortit de la ferme pour s'enfoncer dans la nuit noire.
Le chemin, il le connaissait bien.
Depuis un an exactement, la foutue voix le réveillait à trois heures pile pour le tirer de son sommeil, par un tonitruant : "Debout, feignant ! Je t'attends au bord du lac". Une voix rocailleuse avec un accent du sud-ouest prononcé.
Bien sûr, le Joseph, il aurait pu se retourner de l'autre côté et se rendormir sans plus prêter attention à cette voix venue d'on ne sait où. Mais non, c'était plus fort que lui. Invariablement, il se levait, enfilait une robe de chambre, chaussait ses vieux godillots fatigués, vissait rageusement sa casquette sur son crâne dégarni, sortait de la ferme et prenait le chemin du lac.
Cette nuit-là, comme toutes les autres nuits, il arriva au bord du plan d'eau que les anciens du village avaient aménagé de leurs mains dans le vallon, et s'assit sur les cailloux.
Tout était comme d'habitude. Le clapotis de l'eau. Le hululement de la chouette qui fendait les ténèbres opaques. Et quelques bruissements de rongeurs dans les taillis.
Joseph attendit, étouffant un bâillement. Quelques pensées fugaces, qu'il ne songeait même pas à retenir, venaient visiter son esprit, tourbillonnant un temps et repartant comme elles étaient venues. Il y était question d'argent, de cultures, d'inondations, d'un dinosaure jouant du violoncelle. Tiens, se demanda Joseph, pourquoi du violoncelle ? Sans songer une seconde à se poser la question : pourquoi un dinosaure ?
Cela dit, depuis que sa Léontine avait rejoint de paradis des vieilles peaux, Joseph sentait souvent ses neurones pratiquer le grand écart. Donc un dinosaure de plus, un dinosaure de moins, peut lui en chalait.
Brusquement, un remous inhabituel parcourut la surface du lac. Joseph tenta de percer l'obscurité. Mais la nuit était décidément trop sombre.
Alors il se leva et s'approcha, jusqu'à mouiller le bout de ses chaussures.
Joseph retint sa respiration.
On aurait dit qu'une chose, ou une bête, avançait en se débattant.
Le remous s'amplifiait, la chose s'approchait.
Pris d'une soudaine panique, Joseph recula vivement. Il trébucha sur une pierre et ne retrouva son équilibre qu'avec difficulté, tandis qu'un oiseau de nuit non identifiable s'envola dans un grand bruissement d'ailes en lançant une longue série de cris déchirants.
Pris d'un doute, Joseph lança : "C'est toi, Dick ?"
Bondissant hors de l'eau, le chien le fit tomber à la renverse et se mit à lui lécher le visage.
C'était bien Dick, le labrador caucasien qui avait suivi Joseph et s'était glissé dans l'eau pour lui faire une bonne blague.
Car Dick, le chien ventriloque qui exerçait ses talents toutes les nuits à trois heures pile, était un sacré farceur.
ENIGME
![]() Vous savez que j'ai trois grosses tortues de Floride qui s'ébattent dans un bassin à côté de la baignoire.
Le matin, je vide le bassin, et je le remplis d'eau propre, à la suite de quoi je nourris les fauves.
Avant de vider l'eau, le me livre parfois à un petit exercice de domptage. Je dis à Cloé : "Cloé, sors de l'eau". Et, tandis que ses deux copines restent dans leur bassin, Cloé sort de l'eau. Puis je lui dis : "allez, laisse-moi tranquille, va te cacher derrière la machine à laver". Alors, elle va se cacher derrière la machine à laver. Ou bien je lui dis : "Va sous le radiateur en attendant que je change l'eau". Dans ce cas, elle va sous le radiateur. Ou bien je fais : "Oh mais, tu as grossi. Va donc te peser !". Dans ce cas, elle va grimper sur le pèse-personne.
Ça marche à tous les coups. Ce qui est d'autant plus surprenant que Cloé est la moins civilisée des trois, puisqu'elle a été capturée par un pêcheur sur la rive d'un fleuve près de Nantes.
Oh bien sûr, j'ai un truc. A vous de le trouver. Réponse dans le prochain numéro.
Les verbes maudits
Alors qu'une frange de plus en plus large de la population française voit son vocabulaire se réduire comme peau de chagrin, grâce essentiellement à Internet et à la télé enloftée jusqu'au tournil, on trouve intelligent de bannir de son vocabulaire certains verbes qui, cependant, sont à la fois bien français et bien pratiques.
Il s'agit, entre autres, des verbes : dire, avoir, faire et jouer. J'illustre.
Dire
Relisant l'autre jour le magazine interne d'une entreprise (douze pages truffées de citations), je me suis aperçu que le journaliste répugnait à écrire le mot "dire" après les guillemets. Ce qui donnait des formules du genre "Blablabla", précise M. Machin, ou "Bliblibli", assure M. Truc, ou "Blobloblo", affirme M. Chose, ou "Blublublu", commente M. Bidule. On ne dit plus : on exprime, on émet, on suggère, on profère. Vous avez remarqué ? Ah, je ne vous le fais pas dire.
Avoir
Avant, on demandait : "Quel âge avez-vous ?". Maintenant, on se croirait déshonoré de ne pas demander : "Quel âge ça vous fait ?". Et je me demande même s'il n'y a pas des gens qui demandent : "Au niveau de l'âge, vous en êtes où ?". Dans la foulée, le verbe avoir est banni du vocabulaire journalistico-publicitaire, au profit d'autres verbes considérés comme plus raffinés. Au hasard : "posséder", voire "bénéficier". Exemple : "J'ai 15 hectares de blé" se traduit par "Je possède 15 hectares de blé" et "J'ai 2300 euros de subvention" par "Je bénéficie de 2300 euros de subvention".
Jouer
On ne joue plus au ping-pong, on pratique le tennis de table. On ne joue plus "La Marseillaise", on interprète l'hymne national. On ne joue plus du violon, on exécute un morceau de violon. Avouons que, dans ce dernier cas, le verbe est souvent mérité
Faire
Ce mot est de plus en plus fréquemment remplacé par : réaliser. Ou effectuer. Ou pratiquer. Ou élaborer. Plutôt que de "faire un film", il est plus important de "réaliser un long-métrage". Il ne s'agit plus de "faire bonne impression", mais de "produire un impact positif". "Ne rien faire", c'est "se poser en dilettante". Et, comme chacun sait, quand on est chez des amis ou au restaurant, "aller faire pipi", c'est "aller se laver les mains".
Et sur le même registre…
J'ai dans mes tiroirs une petite collection de commentaires sportifs qui, dans le genre, font assaut d'inventivité. "L'équipe de France a perdu" devient : "Les Français ont signé une contre-performance". D'un coureur qui fait un temps de 3 minutes 02, on dit qu'il a "tutoyé la barre des 3 minutes". Et le footballeur qui devient capitaine de son équipe "inaugure sa prise de capitanat".
De mes propres oreilles
(entendu un jour, quelque part...)
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Robert Dalban à Jean Carmet, dans le film "Un idiot à Paris" :
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Début juillet 2002, le météorologue de France Inter fait cette prévision, étrange à plus d'un titre :
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Définition de la boîte de vitesses donnée par Jean-Pierre Castaldi dans Fort Boyard (20/07/02) :
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La semaine suivante, le sus-nommé récidive avec la définition du cadre supérieur :
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Commentaires piqués pendant la dernière coupe du monde, au cours de la rencontre France-Sénégal :
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Léger poème
SCARLATINE
Ce matin, Medhi est en pleurs
Son nounours à la scalatine
Il le réchauffe sur son cœur
Et lui propose une aspirine
Il ramène la couverture
Sur le petit museau tout froid
Il le couve d'un regard pur
Le caressant du bout des doigts
C'est un vieil ours un peu bancal
Pelé, invalide et crasseux
Une relique familiale
Survivante des temps heureux
Medhi en a fait son complice
Son confident, son seul ami
C'est à l'oreille qu'il lui glisse
Les petits secrets de sa vie
Et maintenant, Medhi sanglote
Il est bien mal en point, l'ourson
Des deux mains, le bout d'homme frotte
Le ventre de son compagnon
Devant cet innocent délire
La jeune maman Djamila
Tendrement esquisse un sourire
Puis va rajuster sa bourka.
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