![]() ![]() ![]() Les anciens Goupils sont hébergés chez : www.art-incarnations.com (lien sur la home page)
![]() ![]() Le bulletin irremplaçable
de
![]() Michel Goupil Communication
N°43 - juillet 2003
Editorial
La grosse vague de chaleur sur laquelle nous avons surfé a fait de nombreuses victimes.
Cet après-midi même, sur la route menant de Montigny-le-Bretonneux à Rambouillet, qu'entends-je à la radio ? Le témoignage d'une bouchère qui s'était reconvertie dans les massages accompagnés de prières et qui expliquait que ça faisait un bien fou aux chakras. Puis le témoignage d'un monsieur qui, au cours d'une séance de régression, avait appris l'origine de ses fréquents maux de gorge : à l'issue de sa vie précédente, il était mort pendu.
Après la disparition des dinosaures, la disparition des neurones.
On n'a pas fini d'en parler, du réchauffement de la planète !
Michel Goupil
Mais, bon sang,
pourquoi n'ont-ils pas élu Ralph Nader ?
Pour fabriquer ses bijoux, Laura a besoin de matériel qu'elle commande généralement aux Etats-Unis, via le net.
Voici le message qu'elle a adressé en mai dernier à une firme états-unienne :
From: FoxandRoseCo@aol.com
To: wiltcd@gate.net
Sent: Monday, May 26, 2003 3:57 AM
Subject: Info
Hello,
Could you give me an estimate for a very small no-nickel pewter tag with 2 initials (LR) on it, please ? These are to go on my jewelry designs. A 4mm diameter would be fine. Please forward your suggestions
I can't seem to find anyone over here (France) doing this for less than 1000 pieces.
Best regards,
Laura Rose
www.art-incarnations.com
Et voici la réponse qu'elle a reçue :
From: Dan Wilson
To: FoxandRoseCo@aol.com
Sent: Monday, May 26, 2003 3:11 PM
Subject: Re: Info
Hello,
We do not make jewlery tags or deal with people from france.
Your country is a pathetic excuse supporting terrorist
![]() De quoi je m'e-mail ?
Drôle d'histoire que celle de l'e-mail.
Quand on a vu arriver cette bestiole en France, on a bien compris que les anglo-saxons nous refaisaient du coup du fax (abréviation de fac-similé, qui a eu raison de notre brave "télécopie"), avec cette abréviation de ce qu'on appelle en français un courrier électronique.
Alors on a essayé de résister, en parlant de, justement, "courrier électronique".
Peine perdue. Il nous a bien fallu rentrer dans le rang, sans jamais trop savoir, d'ailleurs, s'il était plus judicieux d'écrire "e-mail" ou "email".
On a bien essayé de contourner la difficulté, soit en adoptant le "courriel" de nos cousins canadiens, soit en se rangeant derrière le curieux "mel", ou l'encore plus curieux "mèl".
Rien n'y a fait.
Et le plus fort est que l'on en est amené, aujourd'hui, à ne plus parler d'e-mail, mais de "mail", ce mot désignant aujourd'hui un courrier électronique.
Le plus fort, dis-je, parce que ce mot "mail", qui, comme nul ne l'ignore, signifie "courrier" en anglais, a été piqué au français "malle" désignant notre bonne vieille malle-poste.
J'attends avec gourmandise le jour où la boucle sera bouclée et où on entendra des expressions du genre : "Ne vous inquiétez pas, cher monsieur. Je vais vous envoyer ça par malle" ou "Au fait, tu as bien reçu ma dernière malle ?".
M.G.
C'est du vécu
Le bal des vampires
J'ai longtemps fréquenté les Beaux-Arts. Pas l'école, mais le café-tabac d'en face. Il s'appelait, si ma mémoire est bonne (et elle est bonne), "Les deux académies".
La serveuse, elle, s'appelait Mado.
C'est là qu'on se retrouvait avec mon ami Dimitri, étudiant à l'école sus-mentionnée. On commandait à Mado un Voltigeur à 32 et un petit calva. Le Voltigeur à 32, c'était un gros cigare français, parfaitement immonde, qui coûtait 32 centimes de francs.
Bien sûr, Mado notait ça sur l'ardoise et on la payait quand on pouvait.
De temps en temps, on voyait arriver un petit barbu qui se plantait devant le comptoir. Il avait un fort accent méridional. Et son grand plaisir, c'était de faire peur à Mado en faisant courir une souris mécanique sur le zinc.
Ce petit barbu était le sculpteur Baldaccini, qui devait plus tard se faire un prénom : César.
Un jour, j'ai été invité à la grande fête annuelle des Beaux-Arts, le fameux Bal des Quat'z-Arts. Somptueuse soirée. A fond la rigolade. Ça se lâchait dans tous les coins.
Je suis descendu au sous-sol. Et là, j'ai assisté à un spectacle insoutenable. Dans une grande salle voûtée, un bonhomme tentait de réciter un poème de sa composition. Je m'en souviens comme si c'était hier. Quand il annonça le titre : "Le cul de ma sœur", il fut accueilli par un flot de huées. Stoïque, il poursuivit : "Ma sœur avait un cul…". Les huées redoublèrent, couvrant la voix du pauvre type. Il s'y recolla : "Ma sœur avait un cul…". Tonnerre estudiantin : "Ferme-la !", "Et ton cul ?", "Aux chiottes !".
Comprenant qu'il avait perdu la partie, le bonhomme baissa la tête et quitta la salle, sous les lazzis.
Ce n'est que plusieurs années après que j'ai réalisé ce qui s'était passé : j'avais assisté à la mise à mort, par les étudiants des Beaux-Arts, d'un des plus grands poètes du siècle écoulé, Bernard Dimey.
Bernard Dimey, auteur de chansons remarquables, comme "Syracuse", s'est aussi distingué par des poèmes à tomber par terre. Je vous en livre un, ci-contre.
Les enfants de Louxor
Quand je sens, certains soirs, ma vie qui s'effiloche
Et qu'un vol de vautours s'agite autour de moi,
Pour garder mon sang-froid, je tâte dans ma poche
Un caillou ramassé dans la Vallée des Rois.
Si je mourais demain, j'aurais dans la mémoire
L'impeccable dessin d'un sarcophage d'or
Et pour m'accompagner au long des rives noires
Le sourire éclatant des enfants de Louxor.
À l'intérieur de soi, je sais qu'il faut descendre
À pas lents, dans le noir et sans lâcher le fil,
Calme et silencieux, sans chercher à comprendre,
Au rythme des bateaux qui glissent sur le Nil.
C'est vrai, la vie n'est rien, le songe est trop rapide,
On s'aime, on se déchire, on se montre les dents.
J'aurais aimé pourtant bâtir ma Pyramide
Et que tous mes amis puissent dormir dedans.
Combien de papyrus enroulés dans ma tête
Ne verront pas le jour... ou seront oubliés
Aussi vite que moi?... Ma légende s'apprête,
Je suis comme un désert qu'on aurait mal fouillé.
Si je mourais demain, je n'aurais plus la crainte
Ni du bec du vautour ni de l'oeil du cobra.
Ils ont régné sur tant de dynasties éteintes...
Et le temps, comme un fleuve, a la force des bras...
Les enfants de Louxor ont quatre millénaires,
Ils dansent sur les murs et toujours de profil,
Mais savent sans effort se dégager des pierres
À l'heure où le soleil se couche sur le Nil.
Je pense m'en aller sans que nul ne remarque
Ni le bien ni le mal que l'on dira de moi,
Mais je déposerai tout au fond de ma barque
Le caillou ramassé dans la Vallée des Rois.
Bernard Dimey
L'évadé des catacombes
(grand feuilleton sublittéraire)
Chapitre 3. Salade verte rue des Capucines
C'est en faisant la queue au guichet de la poste que je me suis coincé le pouce dans la fermeture à glissière de mon porte-monnaie. Fort heureusement, nous étions mardi, et la pharmacie d'en face était ouverte.
Quelques points de suture plus tard, j'avais retrouvé mon légendaire sourire.
Au numéro 20 de la rue des Capucines, j'entrai dans l'immeuble que défiguraient naguère les lettres "Nina Ricci" et qui abritait la petite agence de publicité Edip.
Maureen était là. Grande, belle, assourdissante, bleue. Elle me toisa. Je le lui rendis bien.
Je ressortis vite fait, cependant, ayant aperçu le kriss qu'elle tentait de dissimuler dans le sac à pommes de terre qu'elle portait négligemment sur la tête.
Je me réfugiai chez le chocolatier.
"C'est pour offrir ?", me demanda la dame.
"Non, c'est pour manger tout de suite", lui rétorquai-je derechef.
Elle ôta sa perruque, fit glisser ses faux seins sur ses chevilles et saisit son armoire à glace. C'était Hugolin Sapajou.
Je fonçai jusqu'au carrefour de l'Olympia, que je traversai au péril de mes semelles, enfilai la rue de Sèze et m'engouffrai chez Fauchon.
Imaginez la surprise de Bernadette Chirac, qui venait se ravitailler en boudin de Corée.
Je la gratifiai d'une bise rapide, car je n'avais pas que ça à faire.
Elle rougit, dans la crainte que je ne remarque qu'elle était accompagnée du président Giscard d'Estaing, s'étant bêtement trompée de président au sortir de l'Elysée.
Mais, allez savoir pourquoi…
(à suivre à la lettre)
De mes propres oreilles
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Le 27 juin, au jeu des 1000 euros sur France Inter, les candidats loupent le super Banco. Louis Bozon :
![]() Interrogation écrite : qui a gagné combien ? Vous avez deux heures…
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Dimanche 29 juin, dans "Le maillon faible", Laurence Boccolini demande :
![]() Réponse du candidat :
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Vendredi 11 juillet 2003. Départs en vacances et surveillance routière renforcée. Un journaliste de France Inter, en reportage auprès d'une brigade de gendarmerie équipée d'un radar, explique que (sic) :
![]() On se demande si, en Bretagne, l'éthylomètre des gendarmes a été réglé "de façon à tenir compte des habitudes locales" !!!
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Le 16 juillet 2003, un journaliste de France-Inter relate les intempéries de la veille :
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IMAGINATION STERILE
Je m'intéresse beaucoup aux noms de rues, espérant toujours y trouver des choses rigolotes ou instructives. Las, dans la région, ce n'est pas la fertilité d'imagination qui déborde.
La voie que j'habite était naguère un chemin bordé de haies. Il s'appelle donc aujourd'hui chemin des Haies. Dans un patelin voisin, il y a une boulangerie, longée par une impasse, l'impasse de la Boulangerie. On trouve un peu partout une rue de la Gare, une rue de l'Ecole, une rue de la Mairie, etc. Sans compter les rues portant le nom d'un ancien notable du cru. Parmi les dénominations les moins classiques, j'ai noté un sentier de la Messe, désignant la voie longeant l'église, et une rue du Pilori, dont je n'ose imaginer à quelle tradition passée elle fait référence.
Mais la preuve la plus flagrante de la stérilité d'imagination ambiante, c'est bien le nom de cette rue, située dans le village de Faverolles, près de chez moi, et à une encablure de la propriété d'Albert Uderzo :
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