![]() ![]() ![]() Les anciens Goupils sont hébergés chez : www.art-incarnations.com (lien sur la home page)
![]() ![]() Le bulletin irremplaçable
de
![]() Michel Goupil Communication
N°34 - octobre 2002
Editorial
![]() La campagne a revêtu ses couleurs automnales. Les écureuils font leurs provisions pour les temps de frimas. On s'apprête à rentrer les troupeaux. Les feuilles mortes se ramassent à l'appel du chef des employés communaux. La tombée de la nuit prend ses distances avec le lever du jour. Vont encore nous gonfler avec leur heure d'hiver. Les gendarmes… non, ne parlons pas des gendarmes, nous recevons ce mois-ci un invité spécial qui s'en charge avec humour et élégance (voir à l'intérieur). A ce propos, je vous invite à suivre l'exemple de mon ami Jean-Marc en nous adressant vos textes pour de prochaines "cartes blanches".
Michel Goupil
![]() Nous avons tous dans le coin du crâne quelques clichés dont un certain nombre ont été décrits par Gustave Flaubert dans son superbe "Dictionnaire des Idées reçues". Ces clichés ne font que croître et multiplier. Avouez qu'en 2002…
vos idées reçues en prennent un fameux coup
… lorsque vous rencontrez un Africain qui n'a pas le rythme dans la peau
… lorsque l'éléphant du zoo ne vous reconnaît pas
… lorsque vous voyez un Breton boire du Coca-Cola
… lorsque votre garagiste vous dit que vos bougies sont impeccables
… lorsque votre banquier vous restitue un trop-perçu
… lorsque vous gagnez la Laguna au grand tirage des 3 Suisses
… lorsque votre avion décolle pile à l'heure
… lorsque Amélie Mauresmo vous présente son fils caché
… lorsque votre boucher vous dit : "Ça fait un peu moins, je vous le laisse quand même ?"
… lorsque votre tartine tombe côté pain
… lorsque le maître d'hôtel vous recommande le petit menu pas cher
… lorsque Zorro se fait tuer dès le début du film
… lorsque le facteur vous achète un calendrier
… lorsque votre imprimante fonctionne une semaine sans bourrage
… lorsque votre cravate a échappé à la frisée aux lardons
… lorsque votre ami new-yorkais refuse de vous dire combien il gagne
… lorsqu'il reste du papier dans les toilettes du bistrot
… lorsque le vent tombe au moment où vous allez allumer le barbecue
… lorsque l'agent immobilier vous déconseille d'acheter cette ruine
… lorsque votre chien Lassie ne rentre pas de la nuit
… lorsque toute la famille trouve votre bébé très laid
… lorsque vous rencontrez un Ecossais qui porte une jupe unie
… lorsque, le jugeant immérité, votre député vous retourne votre bulletin de vote
… lorsque le taxi que vous apercevez au bout de la rue est libre
… lorsque la baby-sitter suédoise que vous engagez est petite, brune et moche
… lorsque l'employé de la Sécurité Sociale vous dit que votre dossier est complet
… lorsque vos chaussettes remontent toutes seules
… lorsque votre épicier Mouloud ferme à 19 heures 30
… lorsque l'infirmier arrive en blouse noire
… lorsque vous connaissez un fils aussi avare que son père
… lorsque vous entendez la montagne dans un coquillage
… lorsque vous découvrez que c'est la forêt qui cache l'arbre
… lorsque les belles chaussures de la vitrine existent dans votre pointure
… lorsqu'un coureur cycliste refuse de soigner son asthme
… lorsque la télévision n'a pas programmé "L'homme de Rio" depuis six mois
… lorsque vous voyez le curé prendre son bénitier pour un urinoir.
![]() CARTE BLANCHE À… JEAN-MARC CORNILLE
(Directeur Général de Pertinence Communication)
Mon cher Michel,
J'ai lu avec compassion le récit de tes aventures gendarmo-rigolesquse. Je te soumets, à mon tour, une petite histoire rigolo-gendarmesque qui m'est arrivée il y a quelques temps.
"Oh, chef ? comment ça s'écrit suceupect… ?"
Je pars un soir en moto (elle est noire) diriger une séance de prises de vues dans un studio du côté de Sceaux.
La séance se prolonge. Vers minuit, je reprends ma moto. Il pleut des cordes. Et évidemment il fait nuit noire... J'enfile ma combinaison, noire, et mon casque, noir lui aussi. Quelques minutes plus tard, je suis perdu. Je tourne et retourne, aveuglé par la pluie derrière mon casque.
A un moment je crois reconnaître une rue que j'ai empruntée en arrivant. Je la reprends… sans m'apercevoir qu'elle est en sens unique.
Soudain j'entends une sirène derrière moi et je devine un gyrophare dans le reflet de mon casque.
Un fourgon de police me coince contre le trottoir. Je tombe, avec ma moto.
Et alors là, c'est Miami Vice (1ère saison) : 6 flics surgissent, m'entourent, me crient "Mettez les mains sur la voiture !". J'obtempère, comme ils disent dans l'inspecteur Derrick.
- Enlevez votre casque !
- J'enlève.
- A qui est cette moto ?
- A moi .
- Alors pourquoi vous essayez de vous enfuir ?
- Mais… je ne m'enfuis pas, je cherche ma route…
Je crois rêver. C'est Navarro chez les Bronzés, Moulin chez Vidéo-gag.
Je sens quand même que ce n'est pas le moment de discuter. Tout ce noir joue contre moi : ma combinaison, ma moto, mon casque et même la rue, noire comme une nuit de pluie. Pas de doute, je suis suspect.
- Montez dans le fourgon !
"J'obtempère" (bis). Et là commence une séance hallucinante : le chef charge une jeune fliquesse, manifestement montée récemment de son Sud-Ouest natal, de rédiger le rapport. Elle commence à écrire. Mais son carnet de contraventions à pris l'eau, son Bic bave et en plus, comme elle le dit elle-même : "Y-a pas la plac-eu pour écrir-eu tout…".
Nous rédigeons ensemble, laborieusement, le procès verbal du délit ; une rédaction ponctuée de questions au chef (que l'affaire semble de moins en moins intéresser et qui clope gitane sur gitane) :
Elle : "Chef, contrevenant, c'est avec un e ou un a ?"
Moi : "avec un a, comme arrestation."
Elle : "Chef, le contrevenant reconnaît avoir emprunté… emprunté, c'est avec un m ou n ?"
Moi : "m, comme mandat d'arrêt."
Vers 1h du matin, ils me libèrent. Je sens le chien mouillé, la sueur tiède et le tabac brun, mais je suis libre…
La fliquesse m'accompagne à ma moto. Nous échangeons quelques mots, presque complices.
- Je vais avoir un retrait de permis ?
- Ça, à tous les coups… mais c't'idée aussi d'être tout en noir…
- Pourquoi, vous ne portez jamais de noir ?
- Si, des fois… dessous !
Je pars le plus vite possible pour laisser éclater le fou-rire qui m'étouffe…
Le lendemain, j'essaie de déchiffrer la contravention. En séchant, elle est devenue pratiquement illisible. Je tombe sur cette mention : "si vous contestez les faits, écrivez à M. le préfet…".
Donc j'écris ! Je ne conteste pas mais je raconte, toute l'histoire, à la manière d'un synopsis de cinéma, avec décor, ambiance (intérieur nuit… le fourgon… l'atmosphère enfumée, etc.) et évidemment je restitue les dialogues, jusqu'à la chute finale et l'aveu des dessous noirs.
Deux mois plus tard, je reçois une convocation au commissariat de police pour "remettre mon permis de conduire le vendredi X à 14h". Le 14 est barré et remplacé par un 12.
Le jour dit, à 12 heures, je me présente. Le visage de l'inspecteur s'éclaire :
![]() ![]() - Vous devriez… Bon, vous savez que vous avez un retrait de permis !…
- Je m'y attendais.
Quelques secondes de silence. Il ménage le suspens, rigolard. Puis il laisse tomber la sanction :
- Un retrait de 2 heures. (Il rigole franchement). Vous me donnez votre permis (je le lui donne). Vous étiez convoqué à 14 heures et maintenant il est 14 heures, donc je vous le rends (il me rend mon permis). Signez ici.
Je suis stupéfait, lui est hilare. Il ouvre le dossier sur son bureau. Je reconnais une copie de ma lettre au juge. Il la parcourt, le rire sur les lèvres, puis éclate :
- Ah ! celle-là, c'est celle que je préfère (il cite) :
Chef, suceupé ça s'écrit avec un s ou un c ?
Moi : "avec un C, Madame, un C, comme casse-couilles"
Il pleure de rire.
- Celle-là, on se la répète avec les collègues : "le suceupé casse-couilles, avec un C Madame…"
Il me cite encore 2 ou 3 répliques du même genre puis finit par me tendre les "minutes" de mon jugement. Je le parcours : "Attendu que le vendredi X, Monsieur J.M Cornille reconnaît etc… "
Au milieu du jargon juridique, je vois en page 2, dans la marge une mention manuscrite : "Merci pour cette scène de boulevard. Il y a longtemps que le tribunal n'avait pas autant rigolé". Ce n'est pas signé, bien sûr. Mais je devine que celui qui a écrit ça est le même que celui qui m'a condamné… à 2 heures de suspension de permis.
J.M.C.
![]() Solution de l'énigme du mois dernier
![]() Les tortues se dressent de la même façon que les chats.
Un chat a la réputation de ne pas obéir. Et pourtant, les quelques cirques de chats qui existent savent que les bêtes n'obéiront jamais à un ordre, sauf si… sauf si quoi, à votre avis ?… Très simple : sauf si l'ordre ne fait que précéder une action inévitable. Si vous savez que le chat va sauter sur la table, il vous suffit de lui dire "saute sur la table !", et le tour est joué.
Je procède de même avec Cloé. Je sais que Cloé est infailliblement la seule des trois tortues à sortir seule de son bassin. Donc quand je luis dis "sors", elle sort (je ne dirais rien, elle sortirait quand même). Dans les secondes qui suivent, j'observe sa tête. Si elle la tourne vers le radiateur, je lui dis d'aller sous le radiateur. Si elle la tourne vers le pèse-personne, je lui ordonne d'aller se peser. Et ainsi de suite.
![]() ARRETEZ-MOI SI JE VOUS POMPE
Raus !
Le jour où je me sentirai courageux, je vous écrirai quelque chose sur l'insécurité, car la façon dont le sujet est traité, en haut lieu comme en bas lieu, commence à m'escagasser sérieusement.
Pour l'instant, je voudrais m'attacher à la notion de "chez soi", dont il semble qu'elle fasse l'objet d'un glissement sémantique significatif.
Jean Nohain, pour désigner les bons Français (les fameux de souche), parlait des gens "bien de chez nous". A cette même époque, pour signifier aux Etats-uniens qu'ils n'avaient rien à faire "chez nous", on barbouillait les murs de "US go home !".
Les temps changent. Les envahisseurs aussi. Aujourd'hui, ce sont d'autres étrangers, forcément fauteurs d'insécurité, que l'on entend "renvoyer chez eux". Afghans de Sangatte, Roumains de Vitry, basanés de tous poils, rentrez "chez vous" ! Et laissez-nous "chez nous".
Parce qu'on part de la vision étroite que les Afghans sont chez eux en Afghanistan, tout comme les Maliens sont chez eux au Mali, etc. Ce qui amène périodiquement à des situations sidérantes dans lesquelles on voit de pauvres bougres expulsés vers un pays dont, sur le papier, ils sont ressortissants, mais où ils n'ont jamais mis les pieds et dont ils ne connaissent pas la langue.
Car, vu par le petit bout égocentrique de nos belles civilisations, le "chez soi" s'inscrit obligatoirement dans les frontières du pays dont relève l'identité d'un individu - même lorsque ce pays a été créé de toutes pièces par une conquête coloniale.
Eh bien non. Dans la réalité de chaque être, le "chez soi", c'est l'endroit où l'on peut vivre en toute sécurité, en toute dignité, et avec des moyens de subsistance suffisants.
En conséquence, et le monde étant ce qu'il est, les seuls qui ont vraiment un "chez eux", ce sont ceux qui peuvent se payer le luxe d'en virer les autres.
Et raus, ma poule !
![]() De mes propres oreilles
(entendu un jour, quelque part...)
*
Entendu de la bouche d'un journaliste dans "Arrêt sur images" (La Cinquième, le dimanche à 12 h 30) :
![]() *
Quelques perles piquées sur France Inter
(Dans le bulletin de circulation routière :)
![]() (Aux infos, on annonce l'arrestation de deux trafiquants de drogue dans l'Hérault :)
![]() (Brigitte Palchine interviewant Axel Kahn :)
![]() (Tour de France. A l'issue d'une étape décisive, on comprend qu'Armstrong ne pourra plus être rejoint au général. Le journaliste sportif :)
- Les jeux sont faits. Le maillot jaune peut dormir sur ses deux pédales.
*
Et quelques autres glanées sur Europe 1
De la bouche de l'ineffable Claude Allègre :
![]() Deux belles expressions de Roland Perez :
![]() ![]() *
![]() *
![]() *
![]() ![]() *
- Elle a des allergies aux poils de chats.
![]() *
![]() ![]() *
![]() *
![]() *
Extrait du commentaire télé d'une course cycliste le 25 août 2002 :
![]() ***
![]() |